11 juillet 2014
UN SIECLE DE BOUVINE AU CRES : DES CHARRETTES AUX ARENES
Comment le culte du taureau «Ce Dieu qui combat» s’est développé dans notre village : … « Et…..le 18 mars 1900 Une course de taureaux sur la Place de l’Eglise inaugure le réseau de fontaines au Cres… »
Le 18 mars 1900, la course a lieu sur la place de l’église où est dressé le «plan des charrettes».
Il y a une vraie abrivado, les bêtes viennent des prés. C’est une course de quadrilles qui travaillent les taureaux avec des capes courtes, dérivées de la tauromachie espagnole.
Deux faits divers marquent cette journée :
En fin de course, un créssois mécontent fait échapper les taureaux que l’on retrouve le lendemain dans la garrigue … prés des deux platanes.
Le journal du lendemain relate une entrée à l’hôpital d’un blessé par ... cornes.
On se calme. Plus de trace jusqu’après la grande guerre de 14-18 sauf en 1911 où les créssois se «frottent» au taureau à la corde.
Cet « exercice » restera actif pour l’ouverture de chaque fête.
Dans les années 20-25 de jeunes hommes aimant les coutumes taurines se retrouvent, se groupent et forme le club taurin « La Piqua » officialisé le 4 avril 1925.
But de « La Piqua » : défendre les traditions, préserver la Fé di Bious et le culte du taureau. C’est ce qu’ils firent !
… « Nous partions les premiers, vers minuit, avec une charrette attelée. Plus tard venaient « les vélos ». Dans la matinée, arrivée au Caylar –au moins 25 km- Chez le manadier Fernand GRANON. Il nous laissait « choisir » un taureau, en principe un vieux ! il nous l’attrapait, et le tombait.
Alors on l’attachait, on le montait sur la charrette, on le ficelait un peu plus, il ne fallait pas qu’il s’échappe, puis c’était le retour triomphal.
Au village, « la bête » était descendue de la charrette, détachée, puis, quand elle avait repris ses esprits et « ses pattes », on l’enfermait dans le toril préparé à cet usage dans l’impasse de la boulangerie. La journée bien remplie on sentait déjà « la fête ».
Pendant la durée de la fête le taureau sortait deux fois par jour à 11h et à 16h.
La fête finie, le taureau était abattu par le boucher du village au profit des participants.
On en gardait toujours un peu pour faire «un repas entre amis» ...
Le 1er taureau à la corde de «LA PIQUA» eut lieu en 1925. Cela dura quelques années, jusqu’au milieu des années 1930. Epoque où il y eut un accident. Coup de corne sur un membre du club, ce qui mit fin au « taureau à la corde ».
Mais ! par la suite, ... «On prend les mêmes, plus quelques autres, et … on organise chaque année une course de taureaux et de vaches (les vachettes)».
Les courses de vachettes avaient lieu sur l’aire (quartier Notre Dame des champs) où l’on installait les charrettes. C’était pittoresque, comme toujours on s’y prenait à la dernière minute. Les courses étaient gratuites, c’était la coutume.
Les villages voisins venaient, ensuite nous allions chez eux.
Donc, pour la fête, le village offrait une course. Au fil du temps et des fêtes, il fallut trouver de l’argent : «On faisait une souscription au porte à porte, dans le village, et tant bien que mal on bouclait le budget».
Plus tard… :
Pour "monter" la course il fallait une organisation. En principe, deux ou trois partaient en voiture «louer la course». Deux autres récoltaient l’argent avec la sacoche du laitier.
Il y avait, aussi, les responsables du plan :
C’étaient des spécialistes pour «engourer» les charrettes les unes dans les autres. Il fallait aussi faire une écurie toute en planche.
Tous les propriétaires du village amenaient leurs charrettes et les madriers.
La COURSE, c’était des taureaux et des vaches venant le plus souvent de chez « Lou Marques » - le Marquis de Baroncelli- ou de chez Guillermet.
Il y avait toujours quelques amateurs pour les cocardes. Mais c’était surtout un amusement.
Au milieu de la piste, on installait une "pastière" en bois, les jeunes sautaient dedans pour éviter la cornade. Plus tard on remplaça la pastière par des balles de paille remplacées à leur tour par … la «piscine».
Avant la course, c’était «la fête». On défilait avec des chevaux "camargues" le matin quand "le char" arrivait, les gamins de l’époque allaient l’attendre jusqu’à la poste. Puis, il y avait la vachette de 11 heures !
La fé di bious. C’était le "bon temps". Les gamins jouaient "au taureau" :
«Nous montions un cadre en planche sur lequel on attachait un frontal de taureau orné de cocarde et glands».
Un jeune se plaçait au milieu du cadre, c’était le biou. Les autres, avaient des crochets "fait maison" avec du fil de fer aplati aiguisé à la lime, c’étaient les razeteurs … il y avait même des blessures par crochets.
Cela dura jusqu’à la guerre de 39-45.
La dernière course eut lieu en 1938 et tout était programmé pour 1939 mais à cause du conflit ... il fallut attendre 1945.
A la fin de la guerre les fêtes reprennent avec beaucoup de succès. Ce sont des hommes plus jeunes aidés par "les ainés" qui s’occupent des taureaux.
En 1945, année où les fêtes votives ont le plus de succès.
Après 6 ans d’interruption, au Crés, deux ou trois courses sont programmées, toujours sur l’aire, dans un plan de charrettes.
C’est le début des entrées payantes, mais il y a beaucoup de monde et ça marche. Il y a des razeteurs, c’est plus régulier. On monte même une course de vachettes razetées par deux jeunes cressois qui s’en sortent bien.
L’année suivante, une équipe s’occupe de la fête, une autre des taureaux. Mais même avec des razeteurs, cela ne marche pas financièrement, malgré la course de nuit.
Peu importe, à partir de cette expérience, le «programme» est modifié. On reprend la coutume du taureau à la corde et d’une course de nuit.
De 1948 à 1960 les courses de nuit sont animées par une équipe de Créssois. … « Ils font ça pour le plaisir et pour faire la fête. ». Le taureau à la corde est très prisé au Cres.
Il sort deux fois par jour, à 11h et à 16h et cela met de l’animation. Les Créssois sont présents, y compris pour la course de nuit. Les villages voisins sont attirés.
C’est l’époque où l’on va dans les manades, chez De Montaut-Manse au Caylar. Puis vers 1960 chez Dédé Rebuffat, Jean Zucarreli ; des manades qui vivent dans les prés de Lunel, de St Nazaire, St Just.
Dernier taureau à la corde en 1968.
Les problèmes d’assurance pour cette activité ont raison de son existence. Les municipalités de plus en plus impliquées dans les fêtes, suggèrent de faire «autre chose».
« Autre chose »
En 1964, à la demande d’un «aficionado» Créssois, La société Ricard sponsor de nombreuses fêtes de villages, vient présenter un film sur «La Course Libre». En 1965, un nouveau club voit le jour.
Il n’y a plus de charrettes ! Le nouveau club et le 1er comité des fêtes organisent des spectacles taurins dans des arènes portatives jusqu’en 1969 où le club s’efface.
Un nouveau Comité des Fêtes patronné par la municipalité assure les fêtes et les spectacles et sera à l’origine d’un projet d’arènes en tubes, construites en 1972.
1972 : Spectacles taurins de nuit et de jour (El Gallo) avec des vachettes à midi et des veaux pour les enfants.
6 Mai 1973 : Grande journée taurine au Cres. Inauguration officielle et bénédiction des arènes. L’après midi, grand concours de manades :
LAURENT : avec Joujou, Grenadier, Aragon
MAILLAN : avec Nimois, Cigalon, Vincent
Parmi les razeteurs engagés, deux préfèrent s’abstenir. Ils sont remplacés au pied levé par 3 jeunes de Pérols.
Ce sont les frères SIMEON Jacquy, Raymond et Jean Pierre. A l’’unisson avec les inscrits, ils font dans des arènes combles, une course mémorable. De ce jour, date leur renommée.
A cette époque, la course libre était « dominée » par les razeteurs classiques qui se contentaient le plus souvent d’enlever les attributs.
Il y eut une opposition pour une approche différente.
… « Voir Jacquy Siméon, jusque là inconnu, amener le taureau Joujou jusque sur les premiers rangs, c’était fantastique.
On avait « la chair de poule », « les poils se dressaient ».
C’est ça le miracle de la tauromachie et de la bouvine.
Ces moments là, nous afficionado nous en avons tous vécu.
C’est « la fé di biou ».
M.S pour Antonin C. in memoriam
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Écrit par : InfoLeCres | 10 juillet 2014
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